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    MathildeSBabelio le 01 décembre 2023
    Bonjour !

    Pour ce dernier défi de l'année, le thème est : "Faire, défaire, parfaire la fête".

    La fête, lieu d'ivresse, de danses, de plaisirs, de liens. Lieu d'excès aussi, d'artifices, parfois même source de distorsions douloureuses, dans les décalages perçus. La fête, cadre où l'on rit fort, où l'on essaie l'authenticité, où l'on ose ; la fête, espace codifié, organisé. Paradoxes en folie dans cette spontanéité, dans cette joie qui se veut éclatante, dans cet instant pour lui-même, dans ce désir de présent.

    Rappel des règles de ce défi du mois de décembre : celui-ci prendra fin le 31 décembre à minuit, la taille et le format de vos écrits sont libres et nous ne prendrons en compte que le premier texte que vous publierez ci-dessous. Nous nous réservons le droit de supprimer un texte ne respectant pas autrui, diffamant, malveillant, pornographique. Bien entendu, cela n'empêche pas la liberté artistique, dans un cadre bienveillant. Le gagnant ou la gagnante remportera un livre.

    Bon courage et à vos plumes !

    Mathilde

    Carolina78 le 01 décembre 2023
    MathildeSBabelio  A vos marques prêts pour la fête ! merci de souligner la liberté artistique à condition qu'elle jaillisse dans le respect et la bienveillance.
    MadameRenarde le 02 décembre 2023
    Merci pour ce nouveau sujet MathildeSBabelio  🤩
    Hâte de découvrir la créativité et la plume des membres du Café Littéraire.  Que la fête commance ! 🎄
    -anna- le 03 décembre 2023
    MathildeSBabelio   Je découvre ces exercices d'écriture originaux, je vais essayer de faire une histoire bien faite !
    franceflamboyant le 04 décembre 2023
    Hum...Normalement, il faudrait que je mette le tableau...Il faut que je me souvienne comment on fait...En attendant...
    franceflamboyant le 04 décembre 2023
    FETES GALANTES

    Le Pèlerinage à l’île de Cythère dit Embarquement pour Cythère est un tableau qu’Antoine Watteau a peint sous la Régence de Philippe d’Orléans et qu’il a présenté à l’Académie royale de sculpture et de peinture en 1717. Il évoque Vénus, déesse de l’Amour, et une île merveilleuse où se retrouveraient ceux et celles qui lui vouent un culte. Ce tableau a changé de nom et il a été, un temps, quelque peu oublié ; mais figurant désormais dans les collections du musée du Louvre, cet oubli est, je l’espère, réparé…

    Attention : il existe des versions diverses de cette œuvre.

    Les personnages de ce texte reprennent bien ceux du peintre mais leurs prénoms, noms et orientations sont œuvre de fiction. Je me suis appuyée sur Pierre de Marivaux pour donner des noms à ces êtres gracieux qui attendent de gagner le navire qui les conduira à bon port. N’hésitez pas, cependant, à me signaler quelque anachronisme dans leur choix.
    J'ai également pensé aux Fêtes Galantes de Paul Verlaine (Votre âme est un paysage choisi que vont charmant masques et bergamasques") mais cela multipliait les références. 
    Pour finir, les personnages qui parlent au début ne sont pas dans le tableau. Ils y font irruption.


    Nous sommes arrivés depuis peu : quel joli paysage verdoyant ! Cette clairière, ces arbres, cette échappée vers le fleuve qui nous transportera ! Et tout ce vert ! Beaucoup étaient déjà là. J’ai demandé à Pierre de ralentir et il l’a fait, lui qui m’écoute si peu. C’est que je voulais voir qui était là parmi ceux et celles qui ont reçu cette merveilleuse invitation. Le texte en était simple : « Qui veut partir pour Cythère ? Si  vous êtes la personne que je crois, rejoignez moi. Votre dévouée Vénus. » Suivaient des indications simples : un jour, une heure, un lieu. Et quelques recommandations : « vous viendrez non comme vous êtes, mais comme l’exigent les règles de l’amour. » Ce que ça voulait dire était clair. Qui embarque pour l’île des Amours doit savoir, s’il est seul et en attente d’un éblouissement, s’il est déçu et mélancolique sans pour autant rejeter une possible rencontre ou s’il veut parfaire une relation déjà établie, que les liens du mariage les aient ou non scellés, que ses repères vont être furieusement décalés. Je n'ai pas cité tous les cas de figure mais le fait est. Le retour de l'île enchanté doit être difficile ! Mais voilà que je parle trop !

    Dissimulés derrière un buisson, Pierre et moi avons repéré qui était là.  Près d’un buste de Vénus qu’assaillaient des roses trémières, j’ai d’abord vu Anne et Jean- Baptiste de Coulange et leur petit Aubin. J’ai toujours envié Anne à cause de ses quartiers de noblesse certes mais aussi car elle est ravissante. Qui peut, comme elle, porter cette robe d’un gris délicat qu’accompagne un châle d’un rose passé du plus bel effet ? Elle a ce teint clair qui sied à une jeune aristocrate, ces yeux baissés qui suggèrent la déférence qu’elle doit à son époux mais aussi ce port de tête qui signale son rang social. Elle tient son éventail ouvert alors que l’air est doux ; qui sait quelle pudeur elle veut cacher ? Son époux, tourné vers elle, porte un habit brun orangé du plus bel effet que nuance un mantelet vert sombre. Cet homme est fasciné par cette femme qui est la sienne, et plus précisément par son décolleté. Il est sage mais il sait, lui, quelles merveilles il dissimule. On dirait là un amant plutôt calculateur plutôt qu’un mari à part entière. Sous sa perruque poudré, L’amant évalue ses chances mais l’époux n’a pas à le faire puisque cette femme lui est acquise ; et pourtant, il est impatient. A quels délices s’attend il à Cythère ? Le voilà qui en rêve.

    -Sortons. Ne nous cachons plus.
    franceflamboyant le 04 décembre 2023
    FETES GALANTES


    Pierre est catégorique. Nous avançons. Anne et Jean-Baptiste se lèvent et nous saluent.

    -Pierre et Françoise de Champeaux ! Vous voilà !

    D’emblée, nous rions. L’œil de Jean-Baptiste est aiguisé.

    -Ne voyez vous pas que monsieur de Montmaur est ici avec sa maîtresse ? Elle était assise et il la relève joliment. Quelle blondeur ! Cette jupe d’or miroitante, ce haut d’un vert exquis, il faut reconnaître qu’elle est vêtue à ravir. Et note qu’elle est jeune et peu expérimentée. Quel bonheur se ce sera de tout lui apprendre ! 

    Je ne peux m’empêcher de lancer.

    -Il est à son avantage lui aussi ! Sa pose est gracieuse.

    Anne sort de son mutisme.

    -Sous son élégant chapeau, son cerveau travaille vite. A Cythère, cette femme, qui n’est pas noble mais veut paraitre telle, sera à lui. Seulement, il a femme, enfants et famille ; il vit sur un grand pied. Sans doute  escompte-t ’il que cette jeune étourdie ne mettra pas trop de temps à céder. Elle a un teint de lys, une belle gorge, des jambes ravissantes ; il y a de quoi vouloir voyager !

    Nous rions. Je reprends :

    -Mais ne serait-ce pas Louis Quartier de Padrelles et son épouse ? On m’a dit qu’ils sont mariés depuis peu. Il l’a conduite à Toulouse. S’y ennuie-t-elle ? Sans doute puisqu’ils sont là.

    Pierre se montre rieur.

    -Il porte la culotte à merveille : dans ses bas de soie, ses jambes sont bien tournées ! Sa veste est d’un rose précieux qui contraste avec son mantelet noir. Il porte bien le chapeau. C’est un beau jeune homme assurément. A ses côtés, son épouse parait peu à son aise dans sa robe jaune à la coupe pourtant élégante. Bah, ce n’est un secret pour personne. Vénus n’a pas été invitée à ce mariage qui était un arrangement. Mais bien que frustrés l’un et l’autre, les voilà qui ont répondu présents à l’appel de la déesse. Bien sûr, chacun d’eux rêverait d’un meilleur ordinaire. Qui sait, dans l’île, ils trouveront peut-être de quoi être heureux ensemble  ?  

    Jean-Baptiste rit de bon cœur. Il pense, quant à lui, que ce couple mal assorti pourra trouver, chacun de son côté, le moyen de s'épanouir.
    -Mais ne dirait-on pas qu'elle est enceinte?
    -Eh bien, justement...Qui sait quelles ardeurs cette grossesse peut libérer !
    Nous rions tous puis, redevenant sérieuse, j'avise les autres :
    -L’équipage est prêt !
    Il semble bien que plus l’on regarde vers le navire qui, tout à l’heure nous convoiera, plus les couples se multiplient. Là où nous étions, la légitimité avait encore un sens mais en contrebas, celle-ci semble perdre sa valeur. Dans le chatoiement des étoffes, dans l’élégance de la mise, on sent poindre les corps, leurs désirs cachés, leur volonté de les faire apparaitre. Les visages, poudrés et radieux, sont prêts à séduire : œil vif, sourire avenant, tête joliment inclinée. On s’interroge en silence. Te plairais-je ? Voudrais-tu ? Ne serais-tu pas d’accord pour qu’ensuite je m’approche d’un autre ? D’une autre ? Jusqu’où irons-nous ? Te souviendras-tu que cette île est celle des Fêtes Galantes ? Promets-moi d’être viril ! Promets-moi d’être féminine ? Je serai à toi, tu seras à moi ; nous serons à d’autres. Nous oublierons vite ou alors nous reviendrons...

    Je me tourne vers mon mari.

    -As-tu vu ? Des chérubins lascifs nous font fête. Des matelots dévêtus aussi. Où sommes nous ? A quelles fêtes cette autre statue nous convie-t ’elle ? est-ce bien l’île des amours qui nous attend ?

    -Mais ma chère, ne voyez pas qu’il y a deux statues, bien différente de celle, toute maternelle au pied de laquelle étaient assis monsieur et madame de Montmaur. L’une d’elle est nue et ailée ; c’est tout à la fois une femme et une déesse qui invitent au plaisir des sens. L’autre est un homme, un satyre, pourrait-on dire. Quelle invitation à la liberté des corps ! N’avez-vous pas remarqué qu’ici, certains portent des masques.Ils ne tarderont pas à s'en débarrasser !  Il n’y aura bientôt plus grand-chose à cacher et dans cette île de langueur, la fête des corps sera un permanent délice. On ne souffrira pas longtemps d'être seul ! 

    Je ne cherche pas à le contredire ; et puis, le pourrais-je ?

    Nous nous rapprochons du navire et bientôt, nous y prenons nos quartiers. Un parfum de rose nous enveloppe tandis que nous allons et venons. Quelqu’un joue de la cithare puis un jour une harpiste paraît. Le sentiment amoureux anime chacun de nous et il se joue des alliances de cette terre. Chacun se laisse porter mais chacun attend encore. Quand paraitra Vénus, dans son île qui sent le jasmin, nous n’auront plus ni crainte ni frein. On dit que là-bas, les allées forestières sont merveilleuses, les bosquets cléments, les fontaines rafraichissantes et les masques absents. Alors, nos corps joueront leur partition propre.

    J’ai hâte.

    Pierre aussi. Les de Pradelle et de Montmaur aussi. Et je n’évoque pas les autres. Les fêtes galantes ne cesseront pas tant que nous resterons dans l’île. Dans ma cabine, je mets ma perruque poudrée, vérifie que mon teint est assez blanc, mets mon collier de rubis et lisse ma robe. On m’appelle. Une voix prenante. On a appelé Pierre aussi et il est parti. Je ne suis plus madame de Champeaux. Il n’est plus mon mari. Nous courons. Des bras se referment sur nous. Des yeux brillent, des lèvres s’entrouvrent, des corps se pressent. Non pas encore !

    Mais les rivages de l’île de Cythère se dessinent ; le ciel est bleu et rose.

    -Vénus !

    Je viens de crier.

    La déesse est là, tout près de nous. Majestueuse et belle, elle avance. Qui peut résister à ses attraits ? Elle personnifie l’amour.

    Ma robe, pourtant parfaite, me gêne. Soudain, il est près de moi.  Il a les yeux bleus et un accent étranger. D'où peut-il venir? Quelle prestance ! Encore que ses vêtements semblent le gêner lui-aussi. 
    Je m'approche. Il sourit. Ne serait-ce pas un rossignol là-bas près de ce bosquet ? Curieux, nous allons voir.
    Les fêtes commencent.
    mfrance le 04 décembre 2023
    Et comme le dit si bien Jacques Offenbach à la fin de " La Belle Hélène"

    "Pars, pars pour Cythère!
    Sur cette galère
    coquette et légère,
    pars, pars pour Cythère!
    Gagne promptement
    ce pays charmant,
    gagne ce séjour
    où règne l'amour!"

    Merci franceflamboyant   pour cette évocation toute en délicatesse et frivolité
    voui le 04 décembre 2023
    franceflamboyant  Eh bien, mazette ! Quelle promenade à travers ce tableau vivant ! Du charme et de la sensualité, puis mon imagination a fait le reste ! J'aime beaucoup le début "in media res" qui nous invite à connaitre la suite. Et puis, le "j'ai hâte' m'a fait rire. Très bien écrit.
    voui le 04 décembre 2023
    Bonjour à toutes et tous, voici ma contribution :

    LIBÉRATION 


    Il y a tant de monde.
    On se presse dans les bras. Je suis ivre de joie. Quelqu'un me donne un verre et un baiser sur la joue. Des cris, des chants.
    Une fille est belle. Je l'imagine nue, allongée sur le comptoir. Elle ne porte rien qu'un boa qui s'agrippe à elle comme un pied de vigne, ou des volutes de fumée, c'est comme je veux, rien d'autre, qu'une paire de bas invisible aux coutures dessinées à même les mollets. 
    Ah, quelle fête mes amis, quelle fête !
    Mon verre ballon vole en éclats vermillon quand je le lâche, lorsqu'on m'agrippe, qu'on me pousse, on m'entraîne jusque dans la rue. La foule est une vague, une mer agitée. Je reçois au visage des embruns de champagne. On agite des fanions au cri de "Vive la liberté !" Nous ne faisons qu'un, et moi non plus, je ne pense pas à mes disparus, à ce moment-là, je ne pense qu'à moi, à notre avenir qui nous porte sur ses ailes.
    Les filles ont pris du galon, avec l'assurance de celles qui ont mené la guerre à leur façon, elles embrassent les garçons. 
    Ah, quelle fête mes amis, quelle fête !
    Un bal s'improvise dans la rue, on danse, on rit. Soudain, on fait tourner une fille. Elle tourne et tourne, comme une toupie, on se la passe de mains en mains. Puis deux autres la rejoignent, on les fait danser maladroitement au milieu des insultes et des crachats. Leurs cheveux tombent sous la tonte. Tout cela me soulève le cœur. Alors, je ris, je bois et je pleure. Je ris, je m'enivre et pleure de joie. Je pense à ma campagne qui m'attend.
    Ah, quelle fête mes amis, quelle fête !
    Sflagg le 04 décembre 2023
    Salut !

    Un petit texte tout frai, tout chaud pour un défi bien inspirant.

    Tous à la fête               (04/12/23)

    Le maître de maison est affable,
    La maîtresse dresse la table,
    Les invités sont sur leur 31.
    À part un,
    Toujours le même,
    Mais on le réinvite quand même,
    Car on l'aime bien,
    Qu'il change rien.
    On a sorti l'argenterie
    Et les faux sourires,
    Les verres en cristal
    Et les conversations banales.
    On n'a pas compté sur la dépense
    Pour se remplir la panse
    Et des alcools en tous genres coulent à flots
    Comme les yeux de Paul dans le décolleté de Flo.
    En fond, une musique d'ambiance,
    Faut l'avouer, un peu chiante,
    Mais sur laquelle beaucoup dansent.
    Surtout un, complètement en transe,
    Encore le même,
    Et c'est pour ça qu'on l'aime.
    Dans un coin, quelques convives,
    À la verve vive,
    S'invectivent autour de sujets bateaux,
    En s'empiffrant de petits gâteaux.
    Dans un autre, une poignée de rabat-joies
    Font la tronche, comme à chaque fois.
    Ils "Prétendent avec fierté qu'ils n'aiment pas ces festivités"*
    Mais sont toujours présents, même quand ils n'ont pas été invités.
    Les marmots courent en tous sens, complètement surexcités
    Par l’atmosphère électrisante sus-citée,
    Criant et riant tels des camés
    N'ayant personnes pour les calmer,
    Les convives étant complètement bourrés.
    Car les cons vivent complètement bourrés.
    Enfin, la soirée arrive à son terme :
    Tout le monde dehors, on ferme !
    C'était vraiment une belle fête,
    On s'est bien vidé la tête,
    On s'est bien dépensé,
    En oubliant de trop penser.
    Vivement la prochaine
    Qu'à nouveau on se déchaine.

    S.Flagg !!

    *Vers venant de la chanson des VRP, Mardi Gras, qui m'a bien inspirée.

    Bonne chance à tous et a+ !!
    franceflamboyant le 05 décembre 2023
    Merci  à mfrance et à Voui.

    Voui: libération, fête et règlement de compte. Le tout dit avec élan. Je trouve bien de montrer l'ambiguïté.

    Sflagg: j'ignore si les cons vivent forcément bourrés. Entraînant et chantant !
    Carolina78 le 05 décembre 2023
    Le défi en fête ou défête s’annonce déjà comme un bon cru. J’ai choisi de faire un portrait croisé des trois premières fêtes qui ouvrent le ban.

    Nous démarrons majestueusement, dans une belle prose élégante avec franceflamboyant   pour arriver, en couples, à Cythère avec nos perruques, nos tenues d’apparat, nos visages poudrés pour répondre à l’invitation de Vénus. Entre deux coups d’éventail, et en écartant les feuilles des buissons, on s’épie. C’est une fête galante… Va-t-on découvrir le vrai visage de l’amour : un rossignol, un bel homme, la complicité conjugale… ?

    Nous débarquons brutalement à la libération avec voui   . Un soldat revient de guerre, ivre de bonheur pour se saouler de filles et de flonflons mais les belles filles sont tondues. Il se morfond de sa campagne, campagne soit-dit en passant qui peut avoir des connotations pétainistes, vieille France, ça sent bon le terroir (j’ai découvert ça dans le commentaire d’une critique, qu’est-ce qu’on ne doit pas entendre !).

    Avec Sflagg , je me répète, c’est ça c'est vraiment toi, ça commence en poésie et ça se termine par des gros mots. Ici nous avons l’incruste, ça commence dans la dignité, le prout-prout, l’argenterie et tout le tintouin et ça tourne en eau de boudin.

    J’ai pris plaisir à lire les trois textes, chacun avec son registre.
    voui le 05 décembre 2023
    Carolina78   Merci beaucoup pour ton retour ! La campagne est ici tout sauf pétainiste ! Horreur ! heureusement que je n'ai pas vu cette critique ! La campagne est pour moi poétique (comme se le voudrait aussi ce texte), notre jeune soldat est un ancien vigneron qui n'a rien d'autre comme référence spontanée qu'un pied de vigne (début de texte), il se languit de sa vie paisible d'avant-guerre. C'est tout.
    Sflagg le 06 décembre 2023
    Salut !

    Merci franceflamboyant . Je savais que cette phrase allait faire parler. Le jeu de mots était trop tentant, j'ai pas pu résister, même si c'est pas trop dans le thème du reste du texte.

    Carolina78  : j'aime bien l'idée du "c'est vraiment toi", ça veut dire que j'ai une patte artistique reconnaissable. C'est l'un des plus beaux compliments que l'on puisse faire à un écrivain, même en herbe comme moi.  Un grand merci !

    Pour le gros mots, bon d'accord je voulais faire un peu de provoque, après le débat sur la censure sur le "autour". 😋

    Sinon je me suis aussi inspiré de la chanson d'OrelSan  :

    Défaite de famille

    A+ !!

    nathlef06 le 07 décembre 2023

    Pour Franceflamboyant  Quel texte !!! La grande classe ! Très “littéraire “ ( peut-être un chouïa trop pour moi ..) mais je suis baba devant votre écriture!! Du très haut vol !                                                  



    Pour LectureChronique Ouf … je suis AB+ …!😁

    Nounoussik le 07 décembre 2023
    Bonjour à tous et à toutes, voici ma modeste contribution.

    Ce jour là, la fête battait son plein à Drachenbronn. Il était presque midi et, depuis un bon moment déjà,  les villageois se pressaient devant la camionnette de Luc pour acheter de la bière et des bretzels.
    Au bout du village, un orchestre massacrait une chanson de Joe Dassin. 
    Sylvie avait insisté auprès de sa fille Manon : " il faut absolument que tu mettes ta robe rouge pour la fête,  elle te va si bien ". Sylvie était petite, mince, ses formes étaient parfaites. Ses cheveux coupés très court mettaient en valeur son visage volontaire. Elle était fière de sa fille, qui avait hérité de sa beauté. 
    Manon avait écouté sa mère, elle était resplendissante, ses cheveux longs et bouclés encadraient un visage encore poupin. Ses grands yeux bruns brillaient de bonheur sous les longs cils habillés de mascara noir. Maxime, son époux depuis trois jours, avait enfilé un polo jaune, bien assorti à son pantalon blanc. Ce garçon était doté d'un charme irrésistible. 
    Heureuse de contempler ce joli couple, Sylvie se détourna, sentant une présence derrière elle.
    " Ah, voilà mon amie Nadia, excusez moi les enfants, je vais la rejoindre ".
    Les deux femmes s'étaient connues à l'école et leur amitié avait perduré. Veuves toutes les deux, elles se retrouvaient souvent devant une tarte flambée qu'elles partageaient en papotant. 
    Nadia était grande et maigre. Ses yeux gris, toujours empreints de tristesse, s'éclairerent en voyant son amie.
    " Bonjour Nadia, ça va ?"
    " Oui, et toi ?"
    L'orchestre jouait maintenant un air brésilien à un rythme effréné. 
    Sylvie proposa : " et si on allait chercher une tarte flambée au munster, avec un verre de Pinot noir ? " 
    Nadia accepta et elles se dirigèrent vers la camionnette.
    Des tréteaux couverts de fines planches avaient été installés dans un hangar au toit de tôle. Ces tables de fortune portaient les couleurs vives de nappes en papier multicolores.
    " le temps se couvre " remarqua Sylvie. Nadia acquiesça.
    Les villageois arrivaient de plus en plus nombreux et les deux femmes durent attendre un bon moment avant d'être servies.
    Puis elles allèrent s'asseoir sur un banc dans le hangar.
    On entendait les cris et les rires des enfants qui jouaient entre les auto-tamponneuses et le kiosque où un vieil homme
    vendait des barbes à papa.
    Maintenant les joyeux fêtards revenaient s'asseoir dans le hangar, portant chacun une assiette en carton remplie de choucroute garnie.
    " tu as l'air triste, Nadia " interrogea Sylvie.
    " oui " répondit son amie, " je pense à Gabriel et à maman, ils me manquent tous les deux. Dommage, nous n'avons pas pu avoir d'enfants "
    L'orage grondait depuis dix minutes et la pluie se mit à tomber à grosses gouttes, couvrant la voix de Nadia. 
    L'orchestre était devenu fou. Michel Delpech devait se retourner dans sa tombe.
    La pluie s'était arrêtée subitement.
    Un homme grand et maigre, portant un chapeau, s'était installé près des deux femmes. Il but une bière et quitta rapidement les lieux, bousculant les gens sur son passage. Il fut vite hors de vue. Les deux amies se regardèrent,  étonnées de voir un homme seul dans cette fête. 
    " tu viens avec moi ? on va chercher Manon et Maxime " proposa Sylvie.
    " OK " fit Nadia, et elles quittèrent le hangar.
    Soudain, on entendit des cris et des hurlements.
    L'homme grand et maigre courait sur la route voisine, un couteau ensanglanté à la main.
    Derrière les auto-tamponneuses, un attroupement s'était formé. Les gens parlaient très fort et criaient.
    " que se passe t-il " s'inquiéta Nadia.
    " sûrement une bagarre d'ivrognes " rétorqua Sylvie.
    Un homme se mit à hurler. De loin, Sylvie reconnut la silhouette de Maxime.
    Les deux femmes s'approcherent. Elles virent alors, terrifiées, le corps sans vie de Manon qui gisait sur le sol, baignant dans son sang. Maxime sanglotait, agenouillé près de son épouse. Le docteur venait d'arriver.
    Sylvie se mit à hurler : " Mon Dieu, ce n'est pas possible, dites moi que ce n'est pas vrai, ma petite fille, non, ce n'est pas possible, au secours ! " Elle sentit le froid envahir son corps et se mit à trembler, hébétée. Sylvie ne voyait plus rien d'autre que le corps de sa fille. Nadia l'entourait de ses bras et pleurait. Un peu plus loin, des femmes murmuraient : " il paraît qu'elle avait eu un amant ", " la pauvre fille, elle était si gentille ". Sylvie pleurait à chaudes larmes.
    Le docteur s'approcha.
    Alexandre, l'homme grand et maigre, son arme a la main, avait vite été rattrapé par deux villageois qui avaient eu vent de son idylle récente avec Manon.
    L'orchestre s'était tu. Un grand silence régnait parmi la foule. 
    Sylvie, Maxime et Nadia continuaient à sangloter, le visage décomposé. La police venait d'arriver.




    LectureChronique le 08 décembre 2023
    nathlef06 a dit :

    Pour Franceflamboyant  Quel texte !!! La grande classe ! Très “littéraire “ ( peut-être un chouïa trop pour moi ..) mais je suis baba devant votre écriture!! Du très haut vol !                                                  

    Pour LectureChronique Ouf … je suis AB+ …!?


    Merci pour la lecture :)
    Nounoussik le 08 décembre 2023
    lysanderavenscroft le 08 décembre 2023
    La fête de fin d'année du collège se déroulait comme à l'accoutumée dans le vaste hall de l'école. L'ambiance festive, la musique entraînante et les rires résonnaient partout. Toutefois, une personne semblait en marge de cette liesse : elle, la fille toujours en trop, constamment mise de côté, celle qu'on évitait d'être vue avec. Tout au long de ces années, elle avait été victime d'insultes, de moqueries, et de rejets. Aujourd'hui, c'était la fin, enfin elle pouvait mettre un terme à toutes ces souffrances. Elle devait célébrer cette journée, mais comment ? Se lever et rejoindre les autres n'était pas une option, car elle risquerait de subir davantage de railleries, ce qui n'était plus envisageable.

    Non, elle allait s'amuser d'une toute autre manière.

    Des mois durant, elle avait attendu ce moment. L'idée lui était venue en janvier, et depuis, elle avait travaillé assidûment sur ce projet. Elle s'était créé un faux compte sur les réseaux sociaux, avait réussi à sympathiser avec chacun de ses harceleurs au point de récolter suffisamment d'informations compromettantes pour les diffuser dans les baffles de toute l'école le jour de la fête. Ainsi, tous les élèves de sixième secondaire entendraient le message qu'elle avait à faire passer, de même que les autres élèves présents dans leurs classes respectives.

    Souriant d'avance à l'idée de son plan machiavélique, la jeune fille se leva et se dirigea vers l'étudiant chargé de la musique.

    "Tu veux que je te remplace ?" lui demanda-t-elle.

    Il la regarda comme si elle était folle, mais finit par céder. Elle savait que cela fonctionnerait, car Daniel n'était pas le genre à apprécier de rester assis sur une chaise pendant que les autres s'amusaient.

    "D'accord, si tu veux. J'ai déjà fait une playlist, alors ne fais pas n'importe quoi."

    Elle lui assura qu'elle gérerait cela et attendit que Daniel s'éloigne pour sortir sa clé USB. Elle l'inséra dans l'ordinateur et choisit le fichier qui l'intéressait, l'enregistrement où elle déballait des dossiers privés sur toute sa classe.

    Elle cliqua sur le fichier, histoire de parfaire un peu la fête.

    Lys.Raven





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